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mercredi 30 novembre 2011

"Apprendre à lire" de Stanilas Dehaene, membre de l'Institut.

 Ce petit livre se lit en une heure. Il est clair, concis.
A mettre entre toutes les mains qui souhaitent comprendre 
comment notre cerveau fait pour "apprendre à lire".

Je retiens notamment que l'enseignement systématique et explicite des correspondances graphèmes- phonèmes accélère l'apprentissage. De même, pour améliorer l'efficacité, il est nécessaire de mener de front l'apprentissage de l'écriture et de la lecture. La qualité de la lecture est renforcée par la maîtrise de l'écriture. (notamment parce que les gestes de l'écriture aident à éliminer les confusions des lettres "miroirs" comme b/d , p/q (on ne les trace pas de la même manière)...)
Il est nécessaire d'automatiser la lecture de façon à libérer l'attention et la mémoire de travail pour le sens: c'est la seconde voie (autrement appelée la voix directe). De même il est très important de montrer aux enfants comment sont formés les mots (leur morphologie), car cela facilite aussi la lecture et, de fait, la compréhension (exemple: rechuter c'est "re+ chute+ infinitif"), sans parler du bénéfice pour le vocabulaire de l'enfant! L'étymologie est aussi une bonne chose à la fois pour simplifier l'accès au sens ainsi que pour l'orthographe.
Il parle ensuite des personnes dyslexiques qui peuvent compenser une grande partie de leur difficulté pour apprendre à lire, en suivant un apprentissage intensif et patient de la correspondance graphèmes-phonèmes

Voici la liste des principes d'apprentissage:
- Principe d'enseignement explicite du code alphabétique: correspondance graphème-phonème, combinatoire des lettres ou des graphèmes, la mobilité des lettres ou graphèmes (p, sert à former pa, pi, po, mais aussi, ip, ap, op...), correspondance spatio-temporelle (l'ordre spatial des lettres correspond à l'ordre temporel des phonèmes), discrimiation des lettres "miroir" ("briser la symétrie de manière explicite")
- Principe de progression rationnelle: apprendre en premier les relations graphèmes-phonèmes les plus régulières, mais aussi selon leur fréquence, commencer par l'introduction des consonnes "continues" (f, v, m, n...), enseigner d'abord la structure consonnes-voyelles et voyelles consonnes, les autres ensuite; ne pas séparer les graphèmes complexes (exemple: "ch" et non "c h"), importance des lettres muettes qui se retiennent en travaillant la morphologie, l'étymologie, qui permettent d'introduire les premières notions de grammaire ("e" du féminin, "s" du pluriel), enseigner le rôle des morphèmes (décomposer "crayonage" en "crayon+ age, permet de comprendre plus facilement le sens d'enrichir le vocabulaire des élèves).

- principe d'apprentissage associant lecture et écriture.

- Principe de transfert de l'explicite vers l'implicite:  c'est à dire faciliter l'automatisation de la lecture afin de le faire passer de la mémoire explicite à la mémoire implicite qui permet de libérer l'esprit de l'élève qui cesse de se concentrer sur le décodage pour mieux réfléchir au sens du texte. La phase explicite se fait la première année, la phase implicite s'étale sur plusieurs années (lectures nombreuses et intensives).

Dernière conclusion: apprendre à lire ne s'improvise pas et pour obtenir des résultats auprès des enfants, il faut une VRAIE formation des maîtres, intensives et complète. Un livre ou une conférence ne peut s'y substituer. En outre, le travail fait auparavant en maternelle influe aussi sur la qualité de l'apprentissage de la lecture au CP.

Remarque personnelle: il faut du temps pour devenir un instituteur efficace, bien plus encore quand la formation initiale ne contient pas le nécessaire pour être performant devant ses élèves. Il faut tout redécouvrir par soi-même... c'est passionnant, mais nos élèves ne doivent pas nous servir de cobayes! Ils n'ont qu'une scolarité, eux!



Ce que dit la 4ème de couverture:
« Comment faisons-nous pour lire ? Au cours des vingt dernières années, la recherche scientifique sur le cerveau et la lecture a progressé à grands pas. Nous disposons aujourd’hui d’une véritable science de la lecture. Toutefois, ces recherches restent méconnues du grand public et, surtout, des premiers concernés : les parents et les enseignants des enfants des écoles primaires. Nous avons écrit ce livre avec un objectif bien précis : que les connaissances scientifiques sur les neurosciences cognitives de la lecture soient diffusées et mises en pratique dans les écoles. Nous espérons également avec ce livre que les parents trouveront un plaisir plus grand encore à comprendre l’esprit de leurs enfants, à suivre leurs progrès en imaginant les étonnantes transformations qui se produisent dans leur cerveau et à prolonger le travail de l’école à la maison par des jeux pertinents. Un seul objectif doit nous guider : aider l’enfant à progresser pour qu’il devienne un lecteur autonome, qui lit autant pour apprendre que pour son plaisir. » S.?D. Stanislas Dehaene est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale, et membre de l’Académie des sciences. Il est notamment l’auteur de La Bosse des maths et des Neurones de la lecture, qui ont été d’immenses succès. Avec Ghislaine Dehaene-Lambertz, Édouard Gentaz, Caroline Huron, Liliane Sprenger-Charolles